9 Juillet 2008
Une fois encore, grâce à Boris, nous avons eu le privilège de déguster un vin tout à fait
exceptionnel, venu d’Espagne. Il s’agit d’une bouteille de Las Bodegas Toro Albalá,
Montilla-Moriles, 1945.
L’appellation Montilla-Moriles, située dans le sud de la province de Cordoue, est une des régions les plus chaudes de l’Espagne. Le principal cépage cultivé dans cette région est le
Pedro-Ximenez. Il s’agit d’un cépage blanc qui aurait été apporté de la vallée du Rhin en Andalousie, par un soldat de Charles Quint. Ce cépage produit des vins liquoreux très
denses.
Elaboration du vin
Le cépage Pedro-Ximenez produit des vins liquoreux très denses, dont l’élaboration est très spécifique, il s’agit du passerillage :
Lorsque les raisins sont récoltés, ils ne sont pas immédiatement mis en
cuve, mais étalés sur des toiles au soleil pendant 7 à 8 jours, de sorte à ce qu’ils sèchent et que leur sucre se concentre. Ils sont ensuite pressés, et vinifiés. Le degré
d’alcool atteint 20% Vol., en raison de la concentration très importante de sucre dans le moût.
Ce qui est incroyable, c’est que le vin reste en fût pendant des décennies. En effet, le vin dégusté de 1945 n’a été mis en bouteilles qu’en 2001.
Ce que j’ai trouvé épatant, c’est la petite fiole de vin attachée au goulot de la bouteille. Celle-ci permet de déguster le vin sans ouvrir la bouteille, afin de constater si son heure est
venue…
Commentaire de dégustation
Robe : Caramel sombre.
Nez : Surprenant de complexité et de diversité. On navigue
entre le pruneau avec un côté madérisé, puis on passe sur de la réglisse en puissance avec un peu de notes mentholées, puis on repasse sur des arômes plus fumés, avec du café, du chocolat, du
tabac, le bonbon caramel-café. Et de retour sur des fruits confits, figue, date… C’est extrêmement intense, et la vivacité est bluffante pour un vin de cet
âge.
Bouche : L’attaque est tout aussi surprenante que le premier nez, mais elle l’est par sa
fraîcheur. Tout comme au nez, ce vin présente des étapes successives de familles et de types d’arômes. Je note en premier lieu un côté très acidulé, puis les tanins nobles, souples mais bien
présents, qui révèlent l’élevage très long en fût. L’étape suivante passe sur de la réglisse et de la menthe, puis sur du café, du tabac. L’un des arômes me fait penser aux bonbons stoptoux. On
revient sur le caramel avec ce côté très acidulé, puis les arômes de citron et aux agrumes confits, la final est fumée, charpentée mais non moins élégante. Quelle puissance, quelle intensité
d’arômes ! C’est incroyablement complexe et très bien équilibré. Un vin impressionnant et
incroyable !
Accord Mets-Vins ?
Honnêtement, je ne saurais quoi dire. Je pense que ce vin ne peut supporter
aucun met. A mon humble avis, il s’agit d’un des rares vin qui ne devrait être bu et savouré que seul et sans artifices. Il mérite toute l’attention du dégustateur, il doit être bu lentement, en
raison de la diversité des arômes qu’il présente, de son intensité et de sa grande complexité.